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Ceux qui savent qu'il existe des choses que la science n'explique pas...
 
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 Paranormal, surnaturel, ésotérisme, occultisme

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Asari
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Asari


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MessageSujet: Paranormal, surnaturel, ésotérisme, occultisme   Paranormal, surnaturel, ésotérisme, occultisme Icon_minitimeVen 1 Aoû - 23:58

Paranormal

Le Paranormal (ou l'adjectif paranormal) est un terme utilisé pour qualifier un ensemble de phénomènes qui, selon ses défenseurs, violeraient les lois scientifiques établies. Le préfixe "para" désignant quelque chose qui est à côté de la norme, la norme étant ici le consensus scientifique établissant ce qu'est la réalité. Un phénomène paranormal serait un phénomène auquel on n'a pas trouvé d'explication rationnelle, laissant ainsi la porte ouverte aux interprétations et attributions à des causes mystérieuses.

Il existe un ensemble de phénomènes qui sont qualifiés de paranormaux:

  • Le concept de Psi (parapsychologie) est un concept utilisé en parapsychologie et qui regroupe à la fois les phénomènes de perceptions extra-sensorielles (PES) (télépathies, prémonitions, etc.) et la psychokinèse.
  • les Near Death Experience (qui désignent des vécus spécifiques lors de mort clinique)
  • la cryptozoologie (qui étudie l'existence d'espèce inconnues) : classification assez injuste, car l'objet de la cryptozoologie est moins de cultiver les mythes que de chercher s'il y a ou non une espèce animale inconnue réelle derrière une légende.
  • le phénomène ovni, dans le cadre de l'hypothèse extraterrestre au second degré.
Le paranormal est à différencier du surnaturel qui implique des causes divines.
Le paranormal est généralement un sujet considéré comme peu sérieux. Aucun prétendu détenteur de pouvoirs paranormaux n'a pu remporter le défi zététique international. La plupart des scientifiques considèrent que le paranormal n'est qu'une affaire de charlatans.

Le paranormal n'existe pas ... ou du moins dans l'esprit de ceux qui y croient. Nous nommons paranormal un phénomène naturel inexplicable ou inappréhendable par la raison collective.
Les aurores boréales, les éclipses, les mirages... et bien d'autres phénomènes naturel ont été désignés comme étranges ou mystérieux. Tout ce que les hommes accordent à l'intervention divine relève aussi du "faux surnaturel" (la création de l'univers, le temps ... qu'on ne peut ni expliquer ni comprendre). Les visions de certains pilotes de chasse ont pu être qualifiées de paranormales.

Surnaturel

Le surnaturel est l'ensemble des phénomènes que l'on ne peut déduire par l'observation et la méthode scientifique. Les phénomènes surnaturels sont supposés résulter d'une intervention divine (ex : les miracles) ou démoniaque, d'esprits (fantômes, possession, prémonition), ou de pratiques magiques.
Il se distingue du paranormal, qui concerne des phénomènes à côté de la norme (à cause de leur rareté, ou en tant qu'anomalie) mais qui ne sont pas transcendants à la Nature. Ils sont donc étudiables scientifiquement, même si le caractère anormal rend cette étude difficile.

Telle quelle, la définition du Surnaturel suppose que la Nature obéisse à des Lois de type scientifiques. Or ce principe n'est pas du tout évident. Il n'est apparu que très tard dans l'histoire de l'humanité, à la Renaissance. Selon Lévy-Bruhl par exemple, les peuples primitifs ne possèdent pas de notion de surnaturel : ils ne font pas de différence de nature entre une communication entre hommes et une communication avec des esprits, par exemple.
A l'opposé, il faut remarquer que le Surnaturel obéit bien à des Lois, mais de nature non-scientifique. Le surnaturel est souvent culturellement très codifié. Ainsi, l'image du vampire possède de nombreuses caractéristiques très précises (canines développées, vie nocturne, crainte de la lumière du jour, peur de l'ail, etc.)
D'une certaine façon, le Surnaturel est donc une création de la modernité, et qui accompagne le développement de la science. On voit d'ailleurs une évolution historique du surnaturel. De caractère essentiellement religieux à la fin du Moyen Âge (moine bourru, sorcellerie), il reflète la passion populaire pour l'electro-magnétisme au XIXe siècle (magnétiseurs, hypnose), puis pour l'exploration spatiale au XXe siècle (extra-terrestres, renouveau de l'astrologie).
D'après un sondage de l'IFOP effectué en 2004, 42% des Français croient aux miracles et 26% affirment avoir vécu une expérience surnaturelle.

En religion, le surnaturel s'exprime à travers la grâce, qui est la miséricorde de Dieu. Cette miséricorde trouve sa source dans l'Eucharistie, aussi appelé le corps mystique du Christ. À l'époque contemporaine, l'une des expériences surnaturelles les plus remarquables fut celle de Faustina Kowalska, qui puisait sa spiritualité dans le Sacré-Cœur.

Exemples de phénomènes surnaturels:


  • êtres surnaturels

    • créatures fantastiques (Vampire, Loup-garou, etc.)
    • créatures divines : anges et démons, divinités incarnées (le Christ)
    • morts-vivants : fantômes, ectoplasmes.
    • esprits : poltergeist ou esprit frappeur.

  • pratiques magiques

    • magie, sorcellerie
    • psychokinèse

  • objets ou potions ayant des pouvoirs

    • Pierre philosophale, Panacée, eau bénite, eau dynamisée en homéopathie ou autres objets pourvus de "pouvoirs" exceptionnels sont des démarches analogues que la sciences qualifie de surnaturels
      communications extra-sensorielle

  • communications extra-sensorielle

    • télépathie, clairvoyance, précognition, astrologie
    • communication avec un autre monde, notamment l'au-delà
    • communication avec des animaux, chamanisme

  • événements surnaturels

    • miracles
    </LI>


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MessageSujet: Re: Paranormal, surnaturel, ésotérisme, occultisme   Paranormal, surnaturel, ésotérisme, occultisme Icon_minitimeSam 2 Aoû - 0:13

Esotérisme

L'ésotérisme désigne un ensemble d'enseignements, de doctrines, ou d'interprétations dont le sens profond est caché et reservé à ceux qui sont capables d'en comprendre le sens, souvent par l'intermédiaire d'une « initiation ».
Le mot ésotérisme est d'origine grecque et, dans l'antiquité, désignait habituellement des enseignements réservés à un petit nombre d'initiés, dont, notamment, les mystères d'Eleusis.
Ce mot a aussi été utilisé, en Occident, pour désigner des enseignements ainsi que des courants, qui, au sein du Christianisme, appartenaient à des milieux fermés qualifiés, pour la même raison, d' ésotériques et regroupés sous la dénomination générale d' ésotérisme chrétien auquel appartient en particulier l'hermétisme chrétien. On utilise aussi cette dénomination, dans ce contexte, à propos des écrits de Jacob Boehme, de Jean de Ruisbroek, auxquels on donne également le nom d'écrits théosophiques. Ce dernier terme doit être distingué de la Société Théosophique, mouvement moderne crée par Madame Blavastky. et dont le caractère ésotérique est contesté par des auteurs.
Le mot ésotérisme est aussi utilisé à propos de l'Islam pour désigner le soufisme, ensemble de doctrines de nature cachée et initiatique au sein de cette religion. En Islam, l'ésotérisme, au sens général, porte le nom plus général de tasawuf : le soufisme apparaît ainsi comme la formulation islamique du tasawuf.
Dans le judaïsme, les enseignements de nature ésotérique sont regroupés sous le nom de Kabbale.
Les pratiques du taoïsme dans leur quête d'immortalité, proviennent d'enseignements ésotériques.
Le Bouddhisme comporte certaines branches ésotériques (Vajrayâna tibétain, Shingon japonais) préconisant des initiations pour parvenir au Nirvâna
Aujourd'hui, et en Occident, le mot ésotérisme a été étendu à un nombre considérable de courants, dont, entre autres, la magie, mais l'application de ce terme à ces domaines a été contesté par des auteurs traditionnalistes comme le français René Guénon.
Par ailleurs, certains mouvements sectaires s’appuient sur des textes à teneur ésotérique.

La complexité du sujet conduit à envisager plusieurs approches : étymologie, définitions, origines, images, modèles.

L’étymologie fait de l’ésotérisme la doctrine des choses "intérieures", donc secrètes et spirituelles. L’adjectif grec "ésotérique" (ésôterikós, έσωτεριkós), en effet, vient du grec εσώτερoς (esôteros), qui signifie « intérieur » (dérivé de l'adverbe έσω, « en dedans »). D'autre part, le sens est lié aux écoles philosophiques grecques, surtout au pythagorisme qui distinguait entre disciples initiés (les ésotériques) et non initiés,lesquels sont soit de futurs initiés, des novices (les exotériques) soit des gens ordinaires (les profanes). On repère le mot "ésotérique", pour la première fois, chez un auteur comique, Lucien de Samosate, dans Sectes à l'encan (traduit aussi Philosophes à vendre), vers 166: il veut faire un pendant terminologique à "exotérique" (εξωτερικος), mot déjà répandu depuis Aristote. Vers 310, le philosophe néoplatonicien Jamblique donne le nom d' "ésotériques" (έσωτερικοί) aux disciples les plus savants (μαθηματικοί) de Pythagore. Le nom esôterismόs (εσωτερισμός) appartient au grec moderne.
L'adjectif "ésotérique" émerge, en français, en 1752, dans le Supplément du Dictionnaire de Trévoux : "Ézotérique, adj. Ce qui est obscur, caché, et peu commun. Les ouvrages ézotériques des Anciens ne pouvaient s'entendre, s'ils n'en donnoient eux-mêmes l'explication." Le nom "ésotérisme", en français, date de 1828 : il apparaît chez l’historien Jacques Matter, dans un livre qui parle d’ésotérisme chrétien, Histoire critique du gnosticisme, p. 83.
En anglais, "esoteric" apparaît en 1701, comme nom, dans l' History of Philosophy de Thomas Stlanley, à propos des disciples de Pythagore : "The Auditors of Pythagoras (...) were of two sorts : Exoterick and Esoterick". Stanley a bien remarqué que les "exotériques" ne sont pas des profanes mais des disciples du premier degré, débutants. Le mot anglais esotericism (pour "ésotérisme") naît en 1846.

Toute définition entoure l’idée d’ésotérisme de diverses notions. On peut privilégier le mystère, le côté occulte du monde, et ce mystère persiste même chez les initiés, ou bien on peut privilégier le secret, le côté réservé d'un enseignement spirituel ou d'une organisation initiatique, mais ce secret n'existe que pour les profanes.
Voici les définitions de deux ésotéristes, c’est-à-dire de gens adeptes de l’ésotérisme, René Guénon et Robert Amadou.
René Guénon (1886-1951), considéré par beaucoup comme une autorité de l’ésotérisme, définit les points de vues respectifs de l'ésotérisme et de l'exotérisme ; pour lui, l’ésotérisme est du domaine de l’intérieur pour un public restreint, l’exotérisme est du domaine de l’extérieur pour un public ouvert, et il insiste sur la prédominance, à l'origine, de l'enseignement oral dans l'ésotérisme : « Nous avons signalé la distinction (...) entre deux aspects d’une même doctrine, l’un plus intérieur et l’autre plus extérieur (...). L’exotérisme, comprenant ce qui était élémentaire, plus facilement compréhensible, et par conséquent susceptible d’être mis plus largement à la portée de tous, s’exprime seul dans l’enseignement écrit ; l’ésotérisme, plus approfondi et d’un ordre plus élevé, et s’adressant comme tel aux seuls disciples réguliers de l’école, préparés tout spécialement à le comprendre, n’était l’objet que d’un enseignement purement oral."
Robert Amadou (1924-2006), qui a beaucoup réfléchi sur le sujet, ne distingue pas les mots « ésotérisme », « occultisme », « gnose », il s’arrête à l’idée, à une doctrine, celle de l’unité universelle. Que dit-il ? « L’occultisme est l’ensemble des théories et des pratiques fondées sur la théorie des correspondances selon laquelle tout objet appartient à l’ensemble unique et possède avec tout autre élément de cet ensemble des rapports nécessaires, intentionnels, non temporels et non spatiaux. » Plus tard, Amadou déclare : « La gnose dont je parle et à laquelle je me voue et à laquelle j’invite est une connaissance, nullement exclusive de l’amour, bien au contraire, qui possède dans sa perfection – la gnose est une connaissance parfaite – quatre traits principaux pour la spécifier : elle est religieuse, traditionnelle, initiatique et universelle.»
Passons aux définitions de deux ésotérologues, c’est-à-dire de spécialistes de l’ésotérisme.
Antoine Faivre est le premier à ancrer véritablement l’étude de l’ésotérisme dans une recherche universitaire académique, internationale. Il propose ceci : « Le mot 'ésotérisme' revêt quatre significations différentes. (...) Pour les libraires ou les éditeurs, 'ésotérisme' sert de mot générique pour tout type de littérature relevant du paranormal, des sciences occultes, de diverses traditions de sagesse exotique, etc. Le mot 'ésotérisme' évoque l’idée d’enseignements secrets (…). Le mot 'ésotérisme' renvoie aussi au 'centre' de l’Être, celui de l’Homme, de la Nature ou de Dieu ; par exemple le 'Dieu ésotérique' de Franz von Baader est le Dieu caché (…). Enfin, dans notre champ de recherches, le mot 'ésotérisme' renvoie à un ensemble de courants spirituels [hermétisme, kabbale chrétienne...], qui ont un certain air de famille."
Pierre A. Riffard : « L’ésotérisme d’un élément désigne le caractère ésotérique de cet élément. Mais à quelle acception d’ésotérique renvoie-t-on ? interne ? réservé ? gnostique ? hermétique ? occulte ? restreint ? technique ? abstrus ? Parlant de L’ésotérisme de Dante (1925), Guénon vise principalement les procédés hermétiques d’occultation des initiés du Moyen Âge et de la Renaissance. On devrait parler d’ésotéricité. Un ésotérisme est un enseignement occulte, doctrine ou théorie, technique ou procédé, d’ordre méta-physique, d’intention initiatique. Le druidisme, le Compagnonnage, l’alchimie sont des ésotérismes. L’Ésotérisme constituerait la totalité des connaissances et pratiques ésotériques regardées comme un ensemble un, comme une Tradition unique, universelle. Enfin, on entend par 'ésotérisme' [ou 'ésotéricisme'] la doctrine qui rejette la vulgarisation des enseignements ésotériques, la théorie de la discipline de l’arcane, le principe d’après lequel il convient de ne pas communiquer à n’importe qui et n’importe comment les mystères.»

Les débuts de l’ésotérisme se perdent dans la nuit des temps et dans l’obscurité des interprétations. Il semble que, dès le paléolithique, l’homme s’intéresse à la vie après la mort (90000 av. J.-C.), aux amulettes (35000 av. J.-C.), aux orientations solsticiales (16000 av. J.-C. ?), peut-être au chamanisme (32000-10000 av. J.-C.).

Mais la notion d'ésotérisme ne prend corps qu'en Grèce, avec les orphiques et les pythagoriciens, à partir de 560 av. J.-C. On attribue à Orphée cette parole : "Je vais chanter pour les initiés. Mettez des portes devant vos oreilles, profanes." Cette exclusion des profanes s'accompagne d'une révélation pour les initiés, donnée sous forme de mythes : "Zeus fut le premier à venir à l'être, Zeus à la foudre éclatante est le dernier, Zeus est la tête, Zeus est le milieu, Zeus est la destinée puissante..." Et les orphiques se structurent en organisations initiatiques, qui pratiquent "le culte secret de Dionysos" et, au quotidien, adoptent un "mode de vie orphique", avec régime végétarien, vêtements blancs...

Les métaphores, les comparaisons, comme les dessins, les peintures parlent de l'ésotérisme comme d'un œuf originel et plein, d'un château, d'un labyrinthe, d'une perle...

Guénon a son image préférée : « L’écorce et le noyau (El-Qishr wa el-Lobb). Ce titre, qui est celui d'un des nombreux traités de Mohyiddîn Ibn 'Arabî, exprime sous une forme symbolique les rapports de l'exotérisme et de l'ésotérisme, comparés respectivement à l'enveloppe d'un fruit et à sa partie intérieure, pulpe ou amande. L'enveloppe ou l'écorce (el-qishr) c'est la sharî'a, c'est-à-dire la loi religieuse extérieure, qui s'adresse à tous et qui est faite pour être suivie par tous. Le noyau (el-lobb), c'est la haqîqa, c'est-à-dire la vérité ou la réalité essentielle. Dans un autre symbolisme, sharî'a et haqîqa sont aussi désignées respectivement comme le 'corps' (el jism) et la 'moelle' (el-mukh), dont les rapports sont exactement les mêmes que ceux de l'écorce et du noyau ; et sans doute trouverait-on encore d'autres symboles équivalents à ceux-là. Ce dont il s'agit, sous quelque désignation que ce soit, c'est toujours l' 'extérieur' (ez-zâhir) et l' 'intérieur' (el-bâtin), c'est-à-dire l'apparent et le caché.»


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MessageSujet: Re: Paranormal, surnaturel, ésotérisme, occultisme   Paranormal, surnaturel, ésotérisme, occultisme Icon_minitimeSam 2 Aoû - 0:51

Vu le foisonnement du monde ésotérique, tout le monde s'en tient à quelques figures, à un cas ou deux. Qu'est-ce qui émerge le plus souvent ? Pêle mêle, on pense à Nostradamus, à l'astrologie, à la Grande Pyramide, au chamane toungouse, à la transmutation alchimique, à Stonehenge, au Da Vinci Code, au saint Suaire de Turin, au nombre d'or, à Faust, au solstice d'été, au feng-shui, à la réincarnation, au yoga, à René Guénon... On n'a pas là un bric à brac mais une collection. Chacune de ces choses ou de ces personnes, de ces évènements, de ces connaissances ou de ces techniques ressemble un peu aux autres. Chacun échappe à une analyse scientifique, chacun fascine. Qu'on prenne l'un d'entre eux comme modèle d'ésotérisme, exemple ou type, et l'on peut remonter aux principes de l'ésotérisme : ils sont tous mystérieux et développent notre imagination ou notre esprit. Seulement si l'on veut accéder de la simple fascination à une connaissance approfondie, il faut passer par une école, ou une doctrine qui donnera des clefs : il faut passer par un ésotérisme pour comprendre les choses ésotériques. On tombe peut-être là dans un cercle vicieux.

À l'origine, l'ésotérisme désigne un enseignement professé soit à l'intérieur d'une organisation initiatique (comme les Mystères d'Éleusis) soit auprès d'un maître spirituel (comme Pythagore).
Communément, le terme "ésotérisme", connaissance occulte réservée à des initiés, se comprend par rapport à son contraire, l'"exotérisme". L'exotérisme correspond aux croyances, rites et enseignements véhiculés par les religions et traditions qui s'adressent indifféremment à tous les membres d'une communauté, qu'ils s'agisse des exotéristes novices (pas encore prêts, mais favorables à l'ésotérisme) ou des exotéristes profanes (indifférents voire hostiles à l'ésotérisme). Jamblique dit ceci des disciples ésotériques ou exotériques de Pythagore : "S'ils paraissaient dignes d'avoir accès à ses enseignements, en en jugeant d'après leur mode de vie et l'ensemble de leur comportement, ils devenaient, après avoir observé le silence de cinq ans, des ésotériques (έσωτερικοί), et ils écoutaient Pythagore du côté intérieur du rideau, en étant admis à le voir en personne. (...) Il n'est pas permis de mettre à la disposition du premier venu ce qui a été obtenu après tant de combats et d'efforts, pas plus qu'il n'est permis de divulguer aux profanes les Mystères des deux déesses d'Éleusis [Déméter, Perséphone]." Les ésotériques (έσωτερικοί) sont des initiés, en tant que "sachants" (μαθηματικοί) ; les exotériques (έζωτερικοί) sont des candidats à l'initiation, comme "auditeurs" (άκουσματικοί) ; les profanes sont les gens du dehors (οί έξω).
En résumé, tout enseignement ésotérique comporte une partie exotérique (pour le profane) et une partie ésotérique (pour l'initié). En principe, la partie de l'enseignement « cachée » au profane ne contredit pas l'enseignement donné au public. Il apporte en général un « deuxième sens » aux aspects de l'enseignement exotérique. Il l'ouvre sur des états de conscience supérieurs, sur des perspectives métaphysiques.

L'ésotérisme ne se confond ni avec la parapsychologie ni avec l'occultisme, bien que l'usage commun rassemble souvent ces divers domaines sous la seule dénomination d'ésotérisme.
Des auteurs des XIXe et XXe siècles tels Éliphas Lévi, Papus et, plus tard, des spécialistes comme le sociologue Edward A. Tiryakan ou le philosophe Pierre A. Riffard ont tenté de rationaliser la différence entre ésotérisme et occultisme, étymologiquement si proches ("intérieur"/"caché"). Peut-on distinguer occultisme et ésotérisme ? Ce n'est pas vraiment nécessaire. Il n'y a pas d'opposition, juste une différence de priorités, ou d'attitudes. Jean Pic de La Mirandole est ésotériste, Papus occultiste, mais on hésite pour Paracelse, Crowley. Le Tarot est ésotériste aussi bien qu'occultiste. L'occultisme est souventé ésotérique, réservé aux initiés, et l'ésotérisme est souvent occulte, centré sur les forces secrètes. Éliphas Lévi écrit ceci, qui montre un lien entre les idées occultes de l'occultisme et le public restreint de l'ésotérisme : "Les lois occultes sont souvent diamétralement opposées aux idées communes. Ainsi, le vulgaire croit à la sympathie des semblables et à la guerre des contraires ; c'est la loi opposée qui est la vraie [les contraires s'assemblent]." Cela dit, on peut essayer de distinguer ésotérisme et occultisme.) L'ésotérisme est élitaire, sélectif, tandis que l'occultisme est plus populaire, moins savant, plus proche des superstitions, des traditions folkloriques, de l'astrologie de masse, de la croyance aux "ondes", aux "fées".) L'ésotérisme a pour notion centrale le soi, l'esprit, alors que l'occultisme a pour notion centrale les vertus occultes, les pouvoirs cachés.


Quant à la parapsychologie, elle utilise une méthode scientifique pour étudier des phénomènes négligés ou niés par la "science officielle" : télépathie, clairvoyance, précognition, télékinèse, hantises, lévitation...

L'enseignement ésotérique s'assied avant tout sur une cosmologie, une anthropologie ou une théosophie. Par « cosmologie » on entend la connaissance des phénomènes et causes du Monde : principes, lois, Éléments, etc. Par « anthropologie » on entend l'étude de l'Humain, de son origine, de son rôle et de sa destination dans le Monde. Par « théosophie » on entend la perception de la sagesse et du plan - sans doute divin, sacré - qui est derrière tout cela, le désir de participer à son achèvement.
Dans le cadre occidental, Antoine Faivre, dès 1972, relève les "caractères" permettant d'identifier un ésotérisme. Au final, il en retient six :



  1. les correspondances entre toutes les parties de l'univers
  2. la Nature conçue comme un être vivant fait de réseaux de sympathies et d'antipathies
  3. le rôle essentiel de l'imagination et des médiations (rituels, nombres, symboles, images, visions... ; anges, esprits, Idées...)
  4. l’expérience de la transmutation intérieure (illumination, sagesse...)
  5. la pratique de la concordance (les diverses tradition s'accordent)
  6. la transmission de connaissances de maître spirituel à disciple.

En d'autres termes, l'ésotérisme est "une forme de pensée" qui se développe en courants, sciences, notions :

  • "courants ésotériques" : hermétisme alexandrin, kabbale juive, kabbale chrétienne (Jean Pic de la Mirandole, Guillaume Postel), paracelsisme, illuminisme (Böhme), rose-croix, théosophie (Swedenborg...), franc-maçonnerie des hauts grades ("Stricte Observance"...), martinisme, Société théosophique (Helena Blavatsky), anthroposophie (Rudolf Steiner), pérennialisme (Guénon, Schuon)
  • "sciences traditionnelles" : alchimie, astrologie, magie, mais aussi théosophie (doctrine allant de Dieu à la nature concrète), pansophie (doctrine allant des choses vers Dieu)...
  • "notions" : secret, Église intérieure, Sagesse divine, "esprits intermédiaires entre l'homme et Dieu (sephirot, Idées platoniciennes, Élohim...)", androgynéité, "réintégration des êtres dans leur première propriété"...

Pour sa part, Pierre A. Riffard met en avant "neuf invariants qui recoupent souvent ceux de Faivre" :

  1. la discipline de l'arcane (garder le secret)
  2. l'impersonnalité de l'auteur (marquer l'aspect surhumain du message)
  3. l'opposition entre l'ésotérique et l'exotérique (distinguer l'initié du non-initié, l'occulte du manifeste)
  4. le subtil (admettre des plans de réalité invisibles, supérieurs : l'aura, le corps éthérique, les influences astrales...)
  5. les analogies et correspondances (mettre en résonance toutes les parties de l'univers)
  6. le nombre formel (choisir l'arithmétique symbolique comme clef par excellence)
  7. les arts occultes (utiliser astrologie, magie, alchimie)
  8. les sciences occultes (admettre l'interprétation spirituelle des textes, le symbologie, les cycles cosmiques, la vie après la mort...)
  9. et l'initiation (chercher le perfectionnement spirituel pour soi ou les autres).

Ainsi, "un ésotérisme est un enseignement qui prend la forme d'une doctrine secrète ou d'une organisation initiatique, d'une pratique spirituelle ou d'un art occulte" :

  • doctrines secrètes : doctrine des analogies et correspondances, anatomie et physiologie subtiles (aura, corps éthérique...), arithmologie, angélogie...
  • organisations initiatiques : Mystères d'Éleusis, franc-maçonnerie, rose-croix, Golden Dawn...
  • pratiques spirituelles : initiation, méditation, prière, ascèse...
  • arts occultes : alchimie, astrologie, divination, magie, médecine occulte, talismanie.



Malgré ces convergences générales entre les ésotérismes d'époques, de lieux, de cultures, d'orientations différents, il n'existe pas d'unanimité sur les contenus d'enseignement, les voies d'initiation, les rites, les exercices.

L'ésotérisme fait usage de symboles. Ces derniers peuvent être empruntés à la culture aussi bien qu'à la nature. La fonction du symbole dans l'ésotérisme est de signifier autre chose que le sens terre à terre, en montrant soit un sens profond soit une représentation approximative d'une expérience spirituelle.
On peut citer, comme symboles fréquemment utilisés dans diverses traditions ésotériques : le pentagramme ou l'hexagramme, empruntés à la géométrie, le nombre d'or aux vertus magiques et mystérieuses ou le nombre Pi, emprunté aux mathématiques, mais aussi des animaux à forte charge symbolique, comme le serpent, la tortue, le crapaud ou le bouc, des fleurs puissamment évocatrices, comme le lotus ou la rose.

Descartes est le plus célèbre des adversaires de l'ésotérisme. Son rationalisme résume les attaques antérieures (dont celles de l'Église catholique) et les hostilités postérieures (dont celles du scientisme). "Le bon sens [la raison] est la chose du monde la mieux partagée (...). Ne m'étant pas contenté des sciences qu'on nous enseignait, j'avais parcouru tous les livres traitant de celles qu'on estime les plus curieuses et les plus rares [Raymond Lulle, Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim, Paracelse, Giambattista Della Porta, les rose-croix, Jacques Gaffarel] (...). Pour les mauvaises doctrines, je pensais déjà connaître assez ce qu'elles valaient, pour n'être plus sujet à être trompé ni par les promesses d'un alchimiste, ni par les prédictions d'un astrologue, ni par les impostures d'un magicien, ni par les artifices ou la vanterie d'aucun de ceux qui font profession de savoir plus qu'ils ne savent."
Jorge Luis Borges, dans sa nouvelle "La secte du Phénix" (incluse dans Fictions, 1956), entreprend une lecture ironique et intellectuelle du secret ésotérique en mettant en scène une secte qui protège un secret comme un trésor. Or ce secret est une trivialité bien connue de tous. Plus que de ridiculiser la mécanique des sociétés secrètes et de leur soi-disant secrets, Borges nous convie à une histoire elle-même symbolique d'un autre message.
Dans Le Pendule de Foucault (1988), Umberto Eco, s'inspirant de Borges, présente et raille un modèle de l'occultisme reposant sur la notion de secret. Le plus grand secret est celui qui ne cache que lui-même, un peu comme un oignon qui, au fil des peaux qu'on lui ôte, ne révèle rien d'autre qu'un oignon ; cependant, plus on l'épluche, plus cela fait pleurer les yeux.


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MessageSujet: Re: Paranormal, surnaturel, ésotérisme, occultisme   Paranormal, surnaturel, ésotérisme, occultisme Icon_minitimeSam 2 Aoû - 1:09

Les lectures ésotériques du monde ou des textes sacrés sont nées de la nécessité d'exprimer des sentiments d'ordre spirituel avec des mots. Comme aucun mot du vocabulaire courant ne correspond à ce défi, la lecture ésotérique fait appel à des paraboles, à des images ou à des symboles, plus qu'à la culture religieuse, cela par nécessité plus que par volonté de cacher les choses. Il résulte de ce vocabulaire une impression de mystère chez les non-initiés, alors que l'usage du symbolisme est inévitable, et consubstantiel avec l'expression parlée ou écrite de la spiritualité.
Ainsi, l'alchimie n'aurait pas pour but de changer le plomb en or mais d'afficher une recherche symbolique, indirecte, de la richesse spirituelle, à travers les métaux. Le plomb et l'or sont alors respectivement les symboles de l'homme brut et de l'homme régénéré. Le fait que ces symboles soient liés à la sphère matérielle et bassement pécuniaire du monde était un moyen pour les alchimistes de juger les personnes qui venaient les voir uniquement pour faire de l'or, du profit. Une personne attirée par le seul appât du gain ne pouvait prétendre au savoir spirituel, tandis qu'une autre, à qui l'image symbolique parlait, pouvait entrer dans l'enseignement du maître. La lecture, et le niveau de compréhension des symboles détermine alors la maturité spirituelle d'une personne, et, par suite, sa capacité à comprendre la tradition ésotérique dans laquelle elle s'inscrit.
Cependant une autre partie des alchimistes usait de cette même prétention pour s'attirer les bonnes grâces du Prince, s'ouvrant ainsi leur cour. Au XVe siècle, la fortune de Gilles de Rais y passa.

Les groupes pratiquant l'ésotérisme ont souvent été accusés d'influencer la politique d'un pays ou d'une région du monde. Ces accusations, volontiers renforcées par les multiples théories du complot, sont souvent émises par les adversaires de l'ésotérisme.
Toutefois, de nombreux groupes ésotériques ont eu une influence politique dans l'histoire. Plus ou moins occultes (mais pas forcément ésotériques), ils se constituaient pour exprimer des opinions politiques. Par ailleurs, certaines organisations, comme la franc-maçonnerie, encouragent l'action publique de leurs membres, sans que le savoir ésotérique ait, en lui-même, une influence politique.
Plusieurs ésotéristes soutiennent activement le tsar et son féodalisme ou sa théocratie : Madame de Krüdener conseille Alexandre Ier en 1815, Papus rencontre Nicolas II en 1905. Des historiens ont montré des liens entre nazisme et occultisme. Carl Gustav Jung avait des « sympathies pour le régime nazi », Julius Evola, plus fasciste que Mussolini, fut un théoricien du nazisme et du racisme, de 1925 à 1951. Goebbels, dans son journal, à la date du 19 mai 1942, mentionne un plan : « Nous pourrions utiliser les occultistes dans notre propagande... Une fois de plus, nous allons citer Nostradamus. »
Certains occultistes ont aussi développé des concepts de « politique ésotérique ». Il existe un « occulto-socialisme », socialisme farouchement défendu par des occultistes, qui attendent l'Âge de l'Esprit, par exemple Pierre Leroux, le jeune Éliphas Lévi, ou, aux U.S.A., Andrew Jackson Davis (The Principles of Nature, 1847). Autre école politique : le synarchisme, défendu par Vivian du Mas (1895), Alexandre Saint-Yves d'Alveydre, Rudolf Steiner et sa « tripartition de la question sociale » (1919). La synarchie serait un régime politique reposant sur la tripartition des fonctions sociales (par exemple économie, justice, enseignement ; politique, économie, spiritualité). Autre école de politique ésotérique : l'anarchisme mystique, défendu par Georges Tchulkov (1906), Apollon Kareline et la jeune Alexandra David-Néel.

L'essentiel de l'ésotérisme réside certainement dans une expérience, de type mystique, très souvent cachée, secrète. Ce vécu ésotérique, quand même exceptionnel, prend diverses formes : extase mystique, possession par les esprits, remontée vers l'Un, vision, béatitude, illumination, conscience cosmique, sentiment océanique... Sans aller si loin, l'ésotérisme peut se présenter comme mode de vie. Platon présentait l'orphisme comme un mode de vie ("la vie orphique" όρφικός βίος), le pythagorisme comme un mode de vie ("la vie pythagorique"). Comme le souligne Jean-Paul Corsetti, "il convient de distinguer radicalement l'expérience ésotérique de son étude érudite."
Voici quelques témoignages :
Corpus Hermeticum, I :

Poimandrès (début IIe s. ?) : "Un jour, que j'avais commencé de réfléchir sur les êtres et que ma pensée s'en était allée planer dans les hauteurs tandis que mes sens corporels avaient été mis en ligature comme il arrive à ceux qu'accable un lourd sommeil par le fait d'un excès de nourriture ou d'une grande fatigue du corps, il me sembla que se présentait à moi un être d'une taille immense (...) : 'Je suis Poimandrès, le Noûs [Esprit] de la Souveraineté absolue. Je sais ce que tu veux, et je suis avec toi partout.' Et moi je dis : 'Je veux être instruit sur les êtres, comprendre leur nature, connaître Dieu."
Sur Abba Silvain, un Père du désert de Gaza :

« Son disciple Zacharie entra et le trouva en extase, les mains tendues vers le ciel. Fermant la porte, il s'en alla. Revenant à la sixième et à la neuvième heure, il le trouva ainsi. À la dixième heure, il frappa, entra : 'Qu'as-tu aujourd'hui, abba [père, instructeur spirituel] ?' (...) Le vieillard lui dit : 'Moi, j'ai été ravi au ciel et j'ai vu la gloire de Dieu, et je me tenais là jusqu'à présent, et maintenant me voici renvoyé. »
Proclos :

"Il faut élever cette fine pointe de l'âme, selon laquelle nous sommes unité. Nous participons au Premier, duquel dérive pour toutes choses l'unification, selon l'unité et pour ainsi dire la fleur de notre essence, grâce à laquelle nous nous attachons principalement au Divin. Partout, en effet, 'c'est par le semblable qu'est appréhendé le semblable', les principes les plus élevés d'unification des êtres par ce qu'il y a d'un dans l'âme. De toutes nos activités, c'est ici la plus haute : par elle nous devenons possédés de Dieu."
Swedenborg :

« Je sais bien, beaucoup de gens diront que personne ne peut parler aux esprits ou aux anges pendant qu’il est en vie dans son corps, beaucoup parleront d’illusion, d’autres diront que je parle de pareilles choses pour endoctriner, d’autres diront d’autres choses. Mais rien de tout cela ne m’arrête, car j’ai vu, j’ai entendu, j’ai senti. Non me latet quod plures dicturi, quod nusquam aliquis loqui possit cum spiritibus et angelis quamdiu in corpore vivit ; et plures, quod phantasia sit ; alii, quod talia tradidero ut fidem captem ; alii aliter ; sed haec nihil moror, nam vidi, audivi, sensi.»
Rudolf Steiner :

« Je ne parlerai jamais d’un phénomène spirituel que je ne le connaisse de la façon la plus directe, et par une expérience spirituelle. Cela est mon étoile polaire et m’a aidé à dépasser et à me détourner de toutes les illusions. »

Carl-Gustav Jung :

« Par moments, je suis comme répandu dans le paysage et dans les choses, et je vis moi-même dans chaque arbre, dans chaque clapotis des vagues, dans les nuages, dans les animaux qui vont et viennent et dans les objets. »

Cette histoire est immense. Il faut se contenter, ici, de mentionner quelques courants, auteurs, disciplines, organisations, dans l'ordre chronologique.

  • Protohistoire. Mégalithisme européen (dès 4800 av. J.-C.), confréries métallurgiques en Crète (2500 av. J.-C. ?)
  • Antiquité grecque. Magie et divination grecques, Mystères grecs (dont ceux de Déméter à Éleusis, XIVe s. av. J.-C.), dionysisme (XIII° s. av. J.-C.), Mystères gréco-orientaux (dès le XI° s. av. J.-C., dont ceux de Cybèle et d'Isis), oracles (dès le IX° s. av. J-C.), pythies (dès 650 av. J.-C.), chamanes apolliniens (dès Aristéas de Proconnèse, vers 600 av. J.-C.), orphisme (dès 560 av. J.-C.), pythagorisme (530 av. J.-C.), mages hellénisés (dont Ostanès le Mage : 490 ou 270 av. J.-C. ?), hermétisme gréco-égyptien à Alexandrie (IIIe ou IIe s. av. J.-C.), néopythagorisme grec (dès Eudore d'Alexandrie en 40 av. J.-C.), alchimie gréco-égyptienne (vers 250-300, avec les papyrus de Leyde et de Stockholm puis avec Zosime de Panopolis)
  • Antiquité romaine. Magie et divination romaines, sacerdoces (dès 715 av. J.-C., avec pontifes, vestales, augures...), Etrusca disciplina, Mystères orientaux à Rome (dont ceux de Cybèle en 205 av. J.-C. et ceux de Mithra en 67), néo-pythagorisme romain (dès Nigidius Figulus en 60 av. J.-C.)
  • Moyen-Âge. Troubadours ésotérisants, alchimie médiévale (dès 1144), géomancie occidentale (1160), Graal, kabbale juive de Provence (dès 1180 avec Isaac l'Aveugle), astrologie chrétienne, art notoire (XIIe s.)
  • Renaissance. Hermétisme italien (dès Marsile Ficin, 1471), kabbale chrétienne (dès J. Pic de la Mirandole, 1486), Paracelse, théosophie chrétienne (dès Valentin Weigel, 1570)
  • Temps modernes. Illuminisme (dès Jacob Böhme, 1600), Rose-Croix (1614), néo-druidisme (1717), franc-maçonnerie ésotérique (dès le chevalier Michel de Ramsay, 1736), martinisme (dès J. Martinès de Pasqually, 1758), Tarot (dès Antoine Court de Gébelin, 1781), néo-occultisme (dont Éliphas Lévi et Papus), Société théosophique (Helena Blavatsky, 1875), Golden Dawn (1888), Aleister Crowley, anthroposophie (Rudolf Steiner, 1913), pérennialisme de René Guénon, Gurdjieff
  • Temps contemporains. Médecines alternatives, École de Bulgarie (Deunov en 1922 et Aïvanhov en 1947), néo-catharisme (1950), néo-chamanisme (1968), New Age (vers 1970).


Occultisme

L’occultisme désigne, en histoire, un ensemble de courants spirituels et mystiques préoccupés par les forces mystérieuses du cosmos et de l'homme. L'astrologie qui parle des influences astrales, le néo-occultisme qui traite avec Papus des « facultés occultes de l'Homme » et des « forces invisibles de la Nature » en font partie. Le terme "occultisme" désigne aussi, en philosophie, le corps de doctrines et de pratiques propres aux adeptes de ce mouvement, par exemple la radiesthésie, les tables tournantes, les cartomanciennes. Bref, l'occultisme se centre sur la notion d'occulte.
Le mot, en français, fait son apparition en 1842. Dès 1884 l'occultiste Joséphin Péladan entend par "occultisme" "l'ensemble des sciences occultes". En anglais, occultism date de 1881

Étymologiquement, le mot "occultisme" vient du latin occultus (« caché, secret, occulte »), il se rapporte à la « connaissance de ce qui est caché ». Nigidius Figulus, selon Cicéron, voyait "les choses que la nature a cachées (quae natura occultavit)". L'occultisme se réfère à des disciplines connues de seulement quelques initiés et souvent associées à des notions surnaturelles, mystérieuses, qui ne peuvent être comprises par la "science officielle", supposée matérialiste. L'occultisme s'intéresse aux vertus occultes, et, dans ce but, pratique les arts occultes et pense les science occultes.


Dernière édition par Asari le Sam 2 Aoû - 22:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Paranormal, surnaturel, ésotérisme, occultisme   Paranormal, surnaturel, ésotérisme, occultisme Icon_minitimeSam 2 Aoû - 21:49

Qu'est-ce donc qu'une qualité occulte et une vertu occulte, par rapport à une propriété visible (comme le rouge), à une force simplement physique (comme le vent) ? La qualité occulte est une propriété invisible au profane, une caractéristique "non connue du commun des mortels, difficile à déceler, non explicable" ; par exemple, les astrologues soutiennent que le Signe du Bélier participe de la planète Mars, qu'il est fait de Feu ; la racine de la mandragore, pour le magicien qui scrute bien cette plante, a l'aspect d'une poupée. "Les propriétés occultes s'appellent ainsi parce que leurs causes ne paraissent point et parce que l'esprit humain ne peut les pénétrer."Ces qualités merveilleuses deviennent des vertus occultes quand elles agissent comme des puissances mystérieuses et actives ; par exemple, selon les occultistes, la planète Mars favorise les guerres, la mandragore peut servir d'anesthésique. Surtout, les vertus occultes "peuvent faire de grands effets avec de moindres causes" et elles agissent à distance. Le type même de l'action occulte est l'attraction exercée par l'aimant sur le fer, ou l'influence des planètes sur le destin des hommes, ou "le feu dans le silex". À partir de là, certains ont perçu la Nature comme un lieu de forces mystérieuses, et ils ont transmis plus ou moins secrètement leur savoir sur ces forces, appelées - en termes physiques - "ondes", "fluides", "effluves", "radiations", ou bien - en termes religieux - "souffles", "esprits", "puissances", "émanations".
L'auteur le plus lu, pendant des siècles, a été Pline l'Ancien. Il proclame fort qu'il n'y croit pas, mais il s'étend avec beaucoup de complaisance sur toutes sortes de bizarreries, merveilles. Dans le livre XXX de son Histoire naturelle (vers 70 de notre ère). il ne sait trop que penser. "Il est aussi téméraire, dit-il, de croire que la nature obtempère à des paroles rituelles que stupide de dénier à celles-ci toute valeur efficace." Il cite des recettes assez étranges : la chenille de la feuille de chou fait tomber les dents, "les toiles d'araignées guérissent parfaitement les contusions articulaires", etc.
L'auteur qui est allé le plus loin en théorie est Paracelse (vers 1493-1541). Pour lui, l'extérieur dévoile au "sage" l'intérieur, donc les "signatures" apparentes donnent à lire les "vertus" cachées. Et certains objets sont plus porteurs que d'autres de ces puissances cachées : les astres, les plantes. "Le médecin connaît toutes les vertus des plantes. Le mage connaît toutes les vertus des astres." En tout cas, Paracelse a découvert en médecine des choses fort importantes : l'action du mercure sur l'hydropisie, le lien entre le goitre et les dépôts minéraux, la valeur thérapeutique des eaux minérales, la toxicité des vapeurs de plomb, d'arsenic et de mercure, l'action de la Lune sur le cerveau, etc.
Un grand moment fut celui où Kepler remplaca le mot anima ("âme"), présent dans son Mysterium cosmographicum (1596), par vis ("force"), dans son Astronomia nova (1609) : le monde cessait d'être un animal vivant, mû par des esprits, pour devenir une horloge mécanique, fonctionnant par des causes motrices.

Quand le regard occultiste se fait cosmique, les auteurs n'hésitent plus à parler de l'Occulte en général comme d'un autre monde, parallèle au monde visible, ou comme la dimension cachée, le plan obscur, la dimension un peu inquiétante du monde visible. La réalité entière se transfigure en un univers enchanté, peuplé d'anges, de dieux, gouverné par un Destin, traversé d'événements signifiants. La notion d'au-delà devient obsédante. Il est question de corps éthérique ou astral pour l'homme, de plan éthérique ou astral pour la Nature. Le Monde est un macrocosme, un Homme en grand, tout comme l'homme est un microcosme, le Monde en petit.
Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim : "La Magie [l'occultisme, la philosophie occulte] est une faculté qui a un très grand pouvoir, plein de mystères très relevés, et qui renferme une très profonde connaissance des choses les plus secrètes, leur nature, leur puissance, leur qualité, leur substance, leurs effets, leur différence et leur rapport : d'où elle produit ses effets merveilleux par l'union et l'application qu'elle fait des différentes vertus des êtres supérieurs avec celles des inférieurs. (...) La Physique nous apprend la nature des choses (...) : quelle est la cause secrète qui nous fait les flambeaux de nuit et les comètes, et quelle est la puissance cachée qui fait trembler la terre ? Qu'est-ce qui nous fait connaître la vertu des herbes ? (...) La Mathématique nous fait connaître la nature étendue en trois dimensions (...), les étoiles, leurs aspects et leurs figures, puisque d'elles dépend la vertu et la propriété de chaque chose élevée (...). La Théologie nous fait connaître ce que c'est que Dieu, ce que sont les Anges, les Intelligences, les Daïmons, l'Âme, la Pensée, la Religion... la vertu des paroles et des figures, des opérations secrètes et de signes mystérieux."

Depuis le XIXe siècle, le centre d'intérêt, sinon des occultistes, du moins de leurs lecteurs ou admirateurs, s'est déplacé des choses aux hommes : des "vertus occultes" de la nature aux "pouvoirs occultes" de l'esprit. On se passionne davantage pour les sciences humaines que pour les sciences occultes.

  • "Histoire inconnue des hommes". En 1967, les lecteurs de la revue Planète ont répondu à la question "Parmi les domaines qui vous intéressent, quels sont les plus importants ?" "Pour 73 %, ce sont les civilisations disparues ; pour 71 % les frontières de la recherche ; pour 66 % les sciences ; pour 61 % le monde futur ; et pour 60 % l'histoire invisible. Une autre question concerne les sujets qui les intéressent le moins. Les sciences occultes ou la parapsychologie sont mentionnées en dernier." Le temps a passé, mais ces centres d'intérêt demeurent. Sur les civilisations disparues, après les antiques écrits de Platon sur l'Atlantide ou les fantaisies de Robert Charroux, les livres ne manquent pas pour évoquer Mu, l'île de Pâques, le Triangle des Bermudes, etc.

Sur l'histoire invisible, divers auteurs revisitent les grands hommes, les grands événements, dans un sens occulte ; ils supposent des complots, ils croient que les Templiers sont une organisation secrète, ils voient un lien entre occultisme et nazisme... Sur les frontières de la recherche, on a vu naître des disciplines mi-scientifiques mi-occultistes, toujours passionnantes. C'est ce qu'on appelle les para-sciences : parapsychologie, ufologie (étude des OVNI), archéologie parallèle, paradoxographie (recueils des faits étranges; inexpliqués), cryptozoologie (recherches sur les "bêtes ignorées")...

  • "Pouvoirs inconnus de l'homme". L'intérêt pour les couches obscures de l'esprit humain ("astral", "paranormal"...) grandit, surtout après la découverte de l'inconscient par les magnétiseurs, ou la découverte des doubles personnalités par les spirites. Les recherches partent en tous sens. Un exemple le montre, une encyclopédie en 14 tomes. Elle est signée par les grands maîtres de l'occultisme du moment, dont Robert Ambelain, Robert Amadou. Son titre : Les pouvoirs inconnus de l'homme. L'encyclopédie aborde l'hypnose, la suggestion, le magnétisme, mais aussi la clairvoyance, la précognition, et encore l'extase, la lévitation, le chamanisme, et puis l'écriture automatique, les visions mystiques, et même la communication avec les plantes. Ces "recherches psychiques" débouchent souvent sur un "développement personnel". Il faut alors découvrir les chakra, apprendre à "lâcher prise", créer une "pensée positive"...


Helena Blavatsky, la fondatrice de la Société théosophique, à l'article "Sciences occultes" de son Glossaire de théosophie :

"Occultes, sciences. Les sciences touchant aux secrets de la nature - physique et psychique, mentale et spirituelle - sont appelées sciences hermétiques et ésotériques. En Occident, on peut nommer la Cabale, en Orient, le mysticisme, la magie et la philosophie du Yoga. Ces sciences sont cachées au vulgaire, et l'ont été pendant des âges."
Papus (1865-1916), le pape de l'occultisme, médecin de formation, écrivait ceci, où l'on pourrait remplacer le mot "occultisme" par le mot "ésotérisme" :

"L'Occultisme est l'ensemble des théories, des pratiques et des Voies de réalisation dérivées de la Science occulte (...). 1° Alors que la Science, telle qu'elle est conçue par les savants contemporains, étudie surtout les phénomènes physiques et la partie abordable, visible de la Nature et de l'Homme, la Science occulte, grâce à sa méthode préférée : l'Analogie, s'efforce, en partant des faits physiques, de s'élever jusqu'à l'étude de la partie invisible, occulte de la Nature et de l'Homme : de là sa première caractéristique de 'Science du caché', Scientia occultati. 2° Alors que la Science contemporaine diffuse, par des journaux, des expériences publiques, ses découvertes et ses pratiques, la Science occulte divise ses recherches en deux catégories : A. une partie qui peut être publiée pour aider à la progression de l'humanité ; B. une partie qui doit être réservée à une sélection d'hommes : de là le second caractère de cette 'Science cachée' : Scientia occulta. 3° Enfin, alors que des épreuves intellectuelles sont seules exigées des candidats aux facultés et aux grandes écoles scientifiques, les centres d'enseignement occultistes exigent, en plus, des épreuves morales diverses, et ne confient leur enseignement qu'à des hommes éprouvés et capables de ne jamais employer pour le mal les connaissances qu'il ont acquises (...) ce qui montre la Science occulte sous le nouvel aspect de Scientia occultans [science cachant]."
Autre définition, de Pierre A. Riffard, qui distingue occultisme et ésotérisme :

"1. L'occultisme, c'est d'abord la croyance en des 'forces occultes' et la pratique des 'sciences occultes'. L'occultisme, en tant que croyance, affirme l'existence de 'fluides' manifestant un monde invisible à l'intérieur du monde visible, recherche des analogies et correspondances entre visible et invisible, mais aussi entre les divers êtres ; l'occultisme, en tant que pratique, suppose la connaissance et l'utilisation de la magie, de l'astrologie, des mancies, de la médecine occulte, de l'alchimie. 2. L'occultisme, c'est ensuite, de façon plus étroite, l'ensemble des arts et des sciences occultes."
Faut-il donc distinguer occultisme et ésotérisme ? Certains, comme Papus ou Robert Amadou ne le font pas. D'autres, si. "Aux yeux des occultistes, occultisme et ésotérisme sont synonymes. Aux yeux des ésotéristes, il y a incompatibilité. Les deux 'disciplines' n'ont pas la même histoire : leurs moments ne coïncident pas ; pas le même objet : l'occultisme s'arrête au psychique, l'ésotérisme remonte au spirituel ; pas la même méthode : au syncrétisme de l'occultiste s'oppose l'initiation de l'ésotériste ; pas le même but : l'occultiste vise une fin pratique, l'ésotériste poursuit une fin idéale. R. Guénon, le premier et le mieux, a dénoncé l'amalgame dans Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion (1921) et dans L'erreur spirite (1923)". Il y a quand même une grande différence entre le livre phare de l'occultisme, le Grand Albert, et le texte phare de l'ésotérisme, La table d'émeraude. Il existe un saut entre la magie des occultistes, très concrète, et celle des ésotéristes, plus philosophique.

Il est impossible d'arrêter un discours globalisant sur le fond de l'occultisme. Tout au plus peut-on prétendre dégager certains traits, certaines tendances redondantes dans les courants historiques. L’occultisme consiste en un syncrétisme de différents courants souvent ésotériques ou hermétiques se réclamant le plus fréquemment des enseignements des cultes à Mystères antiques, ou de la kabbale juive.

  • Fluides et esprits. L’occultisme se fonde sur la croyance en un monde invisible de fluides ou esprits agissants, incrusté dans le monde visible des matières et des événements ordinaires. Le mage connaît et manipule les "vertus occultes" : l'influence des astres, la force des sons ou l'action cachée des symboles, ou les génies des lieux, les esprits de la forêt...
  • Sympathies et antipathies. Les objets entrent dans des rapports de sympathie et d'antipathie, c'est-à-dire d'amitié ou d'hostilité que le mage doit connaître et peut utiliser. Le texte phare est alors celui-ci, d'Ostanès le Mage (-480 ? ou -270 ?) : "La nature dans tel cas charme la nature, la nature dans tel cas domine la nature, la nature dans tel cas est vaincue par la nature." L'aimant et le fer sont en sympathie (ils se "charment"). "L'animal antipathique du basilic [un serpent] est la belette domestique, dont il ne supporte ni l'odeur ni la vue."
  • Analogies et correspondances. La doctrine fondamentale de l'occultisme est celle des analogies et des correspondances. Il existe des relations d'identité symbolique entre le monde spirituel et le monde matériel, verticalement, de haut en bas, et, horizontalement, entre les divers éléments de chaque monde, sprituel ou matériel. Le texte phare reste ici la Table d'émeraude d'Hermès Trismégiste : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d'une seule chose. » Par exemple, il y a analogie, identité de structure entre Dieu (en haut) et le Soleil (en bas), entre le Monde (macrocosme) et l'Homme (microcosme), et correspondances, homologies, corrélations, apparentements entre le règne minéral du Monde et les os de l'Homme, entre Soleil et oeil droit...
  • Sages et mages. Les hommes de l'occulte sont tels soit par choix, soit de façon innée et organique (parce qu'ils ont un don, du fait d'une difformité physique, suite à une discrimination sociale, à cause de leur nature maléfique...) ; les anglophones distinguent sur cette base le sorcerer et le witch. D'autre part, certains des hommes de l'occulte agissent pour le mal, pour détruire (sorciers, magiciens noirs, satanistes), d'autres pour le bien, pour guérir, aider, conseiller (guérisseurs, rebouteux, magnétiseurs, cartomanciennes, sourciers, astrologues...) ; on trouve ici l'opposition entre magie noire et magie blanche.
  • Arts et sciences occultes. La pratique fondamentale de l'occultisme passe par les disciplines occultes.
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MessageSujet: Re: Paranormal, surnaturel, ésotérisme, occultisme   Paranormal, surnaturel, ésotérisme, occultisme Icon_minitimeSam 2 Aoû - 22:34

Jusqu'au XVIe s., la distinction entre magie, divination, sorcellerie, démonisme, etc. n'existe pas. Il est dit d'Ostanès le Mage qu'il possède "tout l'art de l'astrologie, de l'astronomie, de la philosophie, des belles-lettres, celui du magisme, des mystères et des sacrifices et enfin celui du travail de l'or [l'alchimie]". Voici la classification des arts et sciences occultes par Pierre A. Riffard (Dictionnaire de l'ésotérisme, 1983, p. 50, 243, 296, 300), d'après Pline l'Ancien, Helena Blavatsky, Papus, Guénon :
ARTS OCCULTES (volet opératif de l'occultisme)

  • alchimie
  • astrologie
  • divination : voyance (intuitive) ou mantique (déductive)
  • magie
  • médecine occulte : radiesthésie, guérison spirituelle...
  • psychurgie (art de manier les forces psychiques) : magnétisme, hypnotisme...
  • talismanie (art de fabriquer les talismans, les amulettes)

SCIENCES OCCULTES (volet spéculatif de l'occultisme)

  • doctrine des analogies et des correspondances
  • "science cabalistique" ("art de connaître les bons génies")
  • science des cycles
  • science des lettres et des noms : herméneutique, science des écritures sacrées, étymologies occultes...
  • science des nombres : arithmologie, numérologie...
  • science des prodiges (connaissance des faits extraordinaires, ou paradoxographie)
  • science des symboles.


Les origines des divers courants de l'occultisme demeurent assez obscures : faut-il chercher en direction de Babylone ou de l'Égypte ou alors chez les mages de l'Iran ? Les auteurs se disent détenteurs de doctrines secrètes venues de l'antiquité la plus reculée, des religions du Livre (judaïsme, christianisme, islam) ou... de l'Atlantide. Toujours est-il que les courants occultistes se développèrent principalement vers la fin de la période hellénistique (au IIIe s. av. J.-C.), puis au Moyen-Âge (au XIIIe s.), puis à la Renaissance (XVIe s.), enfin au XIXe siècle (années 1850-1890). Outre ces grandes périodes, de hautes figures se dressent, dont Marie la Juive (IIIe s.), le Docteur Faust (1525), Nostradamus (1555), Aleister Crowley (1904).
Le premier grand auteur connu est Bôlos de Mendès, dit « le Démocritéen », en fait un néo-pythagoricien qui vivait vers -100 dans l'Égypte conquise par les Grecs. Il étudiait les "vertus occultes" (φυσικά δυναμερά) des pierres, plantes ou animaux, la sympathie et l'antipathie entre choses, l'alchimie et la magie, les prodiges, la divination par les songes. "Oui, je viens moi aussi en Égypte, j'y apporte la science des vertus occultes (φυσικά), afin que vous vous éleviez au-dessus de la curiosité multiple et de la matière confuse." Selon Pétrone, "Démocrite [le pseudo-Démocrite] exprima les sucs de toutes les plantes et, pour que ne demeurât pas cachée la vertu des pierres et des plantes, consacra sa vie entière à les expérimenter." "L'animal antipathique du basilic est la belette domestique dont il ne supporte ni l'odeur ni la vue, qui le font tomber raide mort. Telle est la force de l'antipathie.". Son livre principal s'appelle Questions naturelles et mystérieuses (φυσικά και μυστικά).
Parmi les textes les plus importants du Moyen-Âge on peut citer : Le secret des secrets (attribué à tort à Aristote), le Grand Albert (attribué à Albert le Grand, qui effectivement est l'auteur de certains morceaux), la Table d'émeraude (attribuée mythiquement à Hermès Trismégiste).
Pendant la Renaissance deux théoriciens se détachent : le philosophe Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim (La philosophie occulte, 1510) et le médecin Paracelse, penseur du microcosme. L'astrologie, la chiromancie se développent considérablement. Mais Nostradamus éclipse tout le monde avec ses Prophéties (1555).
Le courant du "magnétisme animal", commencé dès Goclenius (1609), triomphant avec Franz Anton Mesmer en 1775, met l'accent sur le magnétisme, l'hypnose. La "théologie de l'électricité" fait une approche occulte de l'électricité, avec Friedrich Christoph Oetinger (1765), Johann Ludwig Fricker.
La naissance du spiritisme, avec les soeurs Fox (1848), joue un grand rôle. Tout le monde parle de tables tournantes, de revenants, d'au-delà... La Société Théosophique d'Helena Blavatsky (1875) se donne pour programme : "étudier les lois inexpliquées de la Nature et les pouvoirs latents dans l'Homme" ; elle introduit quantité de notions orientales dans l'occultisme occidental : le karma, la réincarnation, le yoga, les Grands Maîtres (Mahatma) de l'Inde et du Tibet veillant sur le monde, le corps astral, Fohat ("pouvoir vital électrique"), etc.
Le néo-occultisme se développe en Angleterre (1801-1940), en France (1853-1920), en Allemagne (1890-1910). En France, il s'illustre de personnalités chatoyantes comme Éliphas Lévi (Dogme et Rituel de la haute magie, 1854-1861), Papus (Traité méthodique de science occulte, 1891), et divers écrivains, dont Stanislas de Guaita, Joséphin Péladan. En Angleterre, après Francis Barrett (1801), Arthur Waite (The Occult Sciences, 1891) est le plus connu. En Allemagne, on peut citer Carl du Prel (1894-1895), Franz Hartmann (1899), Jörg Lanz von Liebenfels.
Dans le vaste mouvement du néo-paganisme, plusieurs courants revendiquent l'occultisme, dont le néo-druidisme, le Wicca, fondé en 1939 par Gerald Gardner, et le néo-chamanisme.
Aujourd'hui l'occultisme prospère encore et toujours et produit des best-sellers. De même que le Secret des secrets et le Grand Albert eurent des succès considérables, de même les occultistes actuels. Ils sont parfois des savants, mais ils s'aventurent sur des terrains qui débordent leur spécialité. Parmi ces occultistes contemporains, on doit mentionner Lyall Watson, un biologiste né en Afrique du Sud, qui a publié un livre très intéressant, qu'il a intitulé Surnature (1973). En français, ce titre est devenu Histoire naturelle du surnaturel. Colin Wilson, connaisseur anglais de l'existentialisme et romancier, a publié L'occulte (1971), qui est une histoire des grands penseurs de l'occulte.
Il ne faut pas oublier les amateurs d'occultisme, par exemple l'astronome Camille Flammarion, l'écrivain Arthur Conan Doyle ou Walt Disney.

Psychologie. Des jeunes, insatisfaits et déçus de la "religion officielle", se sont tournés vers les pratiques occulte ou mystiques ou satanistes, plus aptes à contenter leurs désirs de pénétrer le mystère, d'intervenir de façon plus directe dans la vie, par un travail autour de leur propre spiritualité. Le ritualisme, le symbolisme initiatique, dont les grandes religions se sont appauvries, confèrent au néophyte un nouveau statut et lui donne le sentiment d'appartenir à la famille des élus ; il devient plus sûr de lui, et se forge une plus forte personnalité en assimilant un nouveau savoir. Ce savoir est alors synonyme de pouvoir : savoir ce que les autres ignorent confère une puissance certaine, surtout si elle est cela porte sur des secrets. « [...] le penchant pour l'occultisme est un symptôme de régression de la conscience. » Theodor Adorno, Minima Moralia. Réflexions sur la vie mutilée, trad., Paris, Payot, 2003.

Sociologie. De nombreux sondages et statistiques ont paru sur le public intéressé par l'occultisme, sur l'aspect commercial du phénomène. La première suprise est celle-ci : le public touché n'est ni passéiste ni obscurantiste. Il s'agit souvent de gens cultivés et assez jeunes. Deuxième surprise : le statut de l'occultisme ressemble assez à celui de la prostitution, qui est à la fois condamnée par l'État mais plus ou moins tolérée, et qui rapporte des impôts sur le revenu. Selon l'INAD (Institut des Arts Divinatoires), "les activités de la voyance et des sciences occultes, prévus par le décret Décret 87-528 du 8 juillet 1987, sont classées dans la rubrique artisans et commerçants mais ne figurent dans aucun répertoire des métiers au ministère du travail, de l’artisanat et du commerce, ce qui paraît être un comble pour une profession qui génère un chiffre d’affaire de plus de 3,2 milliards d’euros, soit environ 15 millions de consultations, et qui regroupe plus de 100.000 professionnels dont 50% exercent clandestinement, régulièrement ou épisodiquement".
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